Discussion :
- R. Prud'homme répond à B.Marchand : selon les "théories de l'exploitation", les pays sont riches
parce qu'ils exploitent les pays pauvres. Il est assez naturel d'appliquer cela au contexte urbain,
la ville qui exploite la campagne. Deuxièmement, je ne suis pas d'accord avec Bernard par rapport à
la gauche et la droite. Bernard exagère un peu. La gauche est très liée à la ville jusqu'aux années 1950-60.
Cela bascule ensuite.
- A. Fourcaut : On ne peut pas parler de la droite et de la gauche, c'est beaucoup plus complexe.
Il y a des droites et des gauches avec des courants différents de chaque coté.
- E.Heurgon : De quoi parle-t-on quand on parle de la ville ? Aujourd'hui la vie est urbaine à la
ville et à la campagne.
- N.Mathieu : Je voudrais qu'on ait au cœur la relation entre l'idéologie et la pratique. En écoutant
Bernard Marchand, je me demande s'il est urbaphobe ou urbaphile. Mais, plutôt urbaphile, je crois.
- M.Dumont : Les gens voudraient vivre dans un campagne équipée comme la ville !
- J-J.Helluin : gauche, urbaphobe ! La loi Pasqua est urbaphobe… Comment lutter contre l'urbaphobie
dans les pays en développement ?
- B.Marchand : Edith, je ne suis pas d'accord avec toi sur le corpus étudié. Par exemple Pourrat, qui
a été plus lu que Proust, a des déclarations contre la ville d'une violence extrême. Tous les films de Pagnol,
avant 1960, sont profondément anti-urbains. Les journaux télévisés de TF1, depuis 20 ans, sont violemment
anti-urbains.
- E.Heurgon : On a beaucoup écrit sur la ville, par exemple sur Marseille
- B.Marchand : Deux points : d'abord, notre goût personnel n'ai rien
avoir ici. Ce qui est important est ce qu'on a dit sur la ville pendant si
longtemps. Deuxièmement, j'ai considéré le sujet jusqu'en 1947. Je reconnais
qu'il y a retour à l'urbaphilie récemment, mais c'est l'opinion de hauts-fonctionnaires,
non pas du public.
- J.Salomon : L'émergence de l'idée de la ville durable et compacte
est caractéristique… Ce qu'elle cache est un amour d'une ville idéale, bien
limitée. Cette ville là me semble porter une nouvelle source d'urbaphobie
: le rejet de tout autre type d'urbanisation, en particulier de la péri-urbanisation,
une forme urbaine qui n'est pas durable, alors qu'elle devrait être prise
en tant que telle. Cette attitude aboutit à un mépris des gens qui y habitent.
On peut parler d'un décalage entre une population qui désire habiter à coté
de la nature et puis des professionnels de l'aménagement et des chercheurs
qui disent que la seule ville est la ville compacte. Il faut éventuellement
clarifier le vocabulaire qu'on utilise. Urbaphobie est utilisé en relation
avec les modes de vie urbaine alors que l'urbanophobie est en relation avec
la forme urbaine.