L'opposition Global-Local
L'Urbaphobie représente un excellent exemple d'opposition entre le Global (la grande agglomération) et le
Local (la petite ville ou la campagne). Un texte de Rousseau ,
tiré de l'Emile , résume fort bien cette opposition.
La défense du Local s'est constamment renforcée depuis un demi-siècle.
Les revendications régionales aujourd'hui, en France, sont devenues monnaie courante (Corse, pays Basque, Bretagne, Savoie, ...).
mais elles sont devenues plus bruyantes à mesure que le Local tendait à disparaître.
Au XIX° siècle, les officiers avaient souvent de la peine à se faire comprendre par des recrues qui parlaient mal le français et communiquaient
en patois. Les costumes régionaux étaient partout.
Aujourd'hui, si l'on considère une photographie d'un groupe de jeunes assis à une terrasse de café, il est impossible de deviner où
la photo a été prise : les jeunes s'habillent de la même façon et parlent de la même manière des mêmes sujets dans toute la France
et même dans toute l'Europe. Le Local est en voie de disparition dans les faits, ce qui explique son renforcement dans les revendications.
A vrai dire, l'opposition n'est pas entre la ville et la campagne, ni même entre Paris et la Province, mais entre les périphéries des
grandes agglomérations, toujours oubliées, et le reste de la France. Le nom de Paris, par exemple, désigne trois réalités très différentes :
- Le ville intra-muros, de 2 200 000 habitants, ancienne, riche, bien équipée et réservée aux ménages aisées ;
- La banlieue de Paris, plus de 8 millions d'habitants, faites de communes très diverses, certaines rurales, certaines très peuplées,
parfois très riches ou souvcent très pauvres, où logent les jeunes ménages qui ne peuvent payer les loyers du centre, qui travaillent, font des enfants,
paient des impôts, assurent l'avenir et manquent cruellement d'équipements publics ;
- l'Etat français, installé dans Paris, mais dont les intérêts sont opposés à ceux de la capitale, qui maintient la Centralisation
depuis les Capétiens, malgré les promersses répétées de décentralisation, et qui justifie sa légitimité en prenant les ressources des
grandes villes pour les redistribuer dans les campagnes dont il assure la sur-représentation
( détails ici).
Il en va de même pour les autres grandes agglomérations. Le culte des territoires, si typiquement français, a conduit
à leur Aménagement. C'est oublier que dans un pays dont les ressources sont limitées et dont la population
est principalement concentrée dans les villes, assurer un équipement égal des territoires, c'est ipso facto assurer
un équipement inégal des ménages.
Les récents évènements politiques en Europe manifestent clairement cette oposition :
-
en Autriche, les dernières élections présidentielles ont opposé un candidat conservateur euro-sceptique, partisan d'une fermeture des frontière, M. Hofer,
et un candidat ouvert à l'Europe et au monde, M Van Der Bellen. Le premier, défenseur du local, a obtenu les voix des campagnes et des petites villes, le second,
partisan du Global, a gagné dans les grandes villes :
-
en France, les dernières élections ont montré le succès du front National, partisan du Local, dans les campagnes et les petites villes (taches bleues),
et sa faiblesse, en général, dans les grandes métropoles (taches blanches)
-
en Grande-Bretagne, lors du référendum sur le BREXIT (23 juin 2016), les grandes métropoles ont voté pour rester en Europe, les parties rurales pour
en sortir. L'Ecosse constitue un cas particulier: