Nature vs Culture

Cette opposition est fondamentale, mais elle est beaucoup moins évidente qu'il n'y paraît.

La grande ville a toujours apparu comme l'une des plus grandes créations des diverses cultures humaines. On l'a d'ordinaire opposée à la Nature, création divine, qui échappe à l'homme et s'oppose souvent à lui. Ainsi, l'opposition Nature/Culture a été en général conçue comme une opposition création humaine/création divine, Homme/Dieu.

Elle implique en effet une séparation radicale entre un Dieu transcendant, créateur et un Univers créé, ce qui est le point de vue des grandes religions monothéistes, dites d'Abraham : Judaïsme, Christianisme et Islam. De ce point de vue, la Nature, créée par Dieu, ne peut être que bonne et la Culture, oeuvre de l'homme, nécessairement mauvaise, rendue suspecte par l'orgueil et la désobéissance, entachée par le Péché Originel.

Dans la doctrine chrétienne, il existe, cependant, une différence de perception entre les Catholiques, suivant l'Eglise et les Chrétiens Réformés, suivant la Bible :

Ainsi, la Ville, oeuvre principale de la Culture, de l'Homme, est intrinséquement mauvaise.

Aujourd'hui, cependant, les développements de l'écologie affaiblissent beaucoup cette opposition. On ne sait plus clairement ce qui distingue la Nature de la Culture. Un champ labouré par un puissant tracteur guidé par GPS calé sur des satellites et couvert d'engrais azotés est-il vraiment plus naturel qu'une rue de Paris bordée d'arbres ? En 2005, une grande tempête dans la Manche provoqua l'éboulement de pans entiers des grandes falaises du pays de Caux. Des maires demandèrent à l'Etat de bétonner le pied de ces falaises pour "protéger la Nature"... d'elle-même !

La conception religieuse dualiste d'un Dieu transcendant a été niée au XVII° siècle par Spinoza, s'inspirant de Giordano Bruno. En identifiant Dieu avec la Nature (Deus sive Natura), Spinoza n'imaginait qu'une seule puissance dont l'homme faisait partie. Il n'y avait plus d'opposition Nature vs Culture. Spinoza posait ainsi les bases de la pensée moderne, mais les opinions changent lentement.