Urbaphobie et Nazisme
L'Urbaphobie, appuyée en Allemagne sur le concept de Gemeinschaft, communauté du sang à la signification raciale,
est proclamée par de nombreux auteur conservateurs, nationalistes et passionnément anti-sémites. La plupart glisseront
naturellement vers le National-Socialisme, comme la principale association ruraliste et urbaphobe Bund Artam. L'un
de ses dirigeants, un agronome, Heinrich Himmler, deviendra le chef des SS et de la Gestapo. (Cf l'excellente étude de Klaus Bergmann, 1977).
- Richard Korherr : Berlin in 1930
- "Alle sind heimatlos, wurzellos wie die Weltstadt selbst,
die jede Bindung an das Land verloren hat... Diese Menschen haben die Heimat verloren."
(Tous sont apatrides, déracinés comme la ville mondiale elel-même, qui a perdu tout lien avec
le pays ... ces hommes ont perdu la Heimat).
- "Entartung, Zersetzung, Nihilismus, Bolchewismus des Geistes, Verniggerung." (Décadence, destruction, nihilisme, Belchevisme d el'esprit, négritude)
- "Denn der Berlinist, der Parasit, ist der Moloch Deutschlands, der alles an sich
zieht : Politik, Wirtschaft, Geld, Kultur, und schliesslich den Menschen selbst, wie einst Rom"
(Car le Berlinois, le parasite, est le Moloch de l'Allemagne, qui attire tout à lui : politique, économie,
argent, culture et finalement les hommes eux-mêmes, comme jadis Rome).
- Bruno Tanzmann fonde en 1919 l'édition de la Croix Gammée (der "Hakenkreuz Verlag") à Dresden
et publie des textes violemment urbaphobes et racistes :
- "Deutschland übernimmt die Führung des arischen Volkstums der ganzen Welt mit dem Entschluss :
Zurück zum Bauerntum als Bollwerk gegen die internationale Weltunkultur jüdischer Herkunft und
gegen den Untergang des Abendlandes" (L'Allemagne entreprend de conduire les peuples ariens du monde entier avec la volonté
de revenir à la paysannerie comme le bastion qui protégera contre la culture mondiale et internationale d'héritage juif et contre
le déclin de l'occident.)
- Il affirme"...das wahre Wesen des deutschen Menschen in seinem bäuerlichen Charakter begründet sei, dass der
deutsche Mensch von Natur aus Bauer sei und dass die Begriffe "deutsch" und "bäuerlich" identisch seien".
- Die Artamanenbewegung : Bund Artam (1923) : "Wir müssen wieder ein Bauernvolk werden."
- "heldische Opfergemeinschaft im Dienste der deutschen Scholle"
- La grande ville : "Moloch", "Grab der Menschheit", "Massenmôrderin".
- "Nach Ostland wollen wir reiten" : Lebensraum
- Walter Darré : Das Bauerntum als Lebensquell. 1929, Blut und Boden
- « Entweder wir gehen den Weg von den Grosssatdt zur ausgebrannten Schlacke (scories).. oder wir gehen zurück zum Bauerntum,
zurück zu Blut und Boden. Einen dritten Weg gibt es nicht. » (M Ziegler in Der Falke, 1932)
En Allemagne, l'Urbaphobie atteint un paroxysme avec la montée au pouvoir des Nazis. Ceux-ci sont passionnément opposés
aux grandes villes , d'une part parce qu'elles sont largement ouvrières et votent socialiste ou communiste, mais surtout
parce qu'elles sont décadentes et cosmopolites, habitées par des êtres souvent de races inférieures. Walter Darré, (Ministre de l'Agriculture de Hitler)
considère que le rôle des paysans allemands n'est pas principalement de produire des denrées mais, surtout, de préserver la pureté du sang aryen.
Un géographe, Godfried Feder, chargé de préparer le programme du parti nazi, tonne contre les grandes agglomérations et publie en 1939 une description de la ville nazie
idéale du futur (Die neue Stadt), qui ne doit pas dépasser 20 000 habitants.
Mais les Nazis se heurtent à une contradiction lorsque Goering est chargé, en 1936, d'un vaste programme de ré-armement.
Le parti a besoin des grandes agglomérations industrielles de la Ruhr. Hitler commence alors à excuser les grandes
agglomérations en expliquant qu'elles ne sont pas intrinsèquement mauvaises mais polluées par les étrangers et surtout par les Juifs.
Ceux-ci éliminés, les grandes villes allemandes pourront contribuer valablement à l'effort de guerre. Et Hitler lance les plans
d'un futur Berlin gigantesque qui doit s'appeler Germania.
Quelques références :
- Marchand B (1999) "Nationalsozialismus und Grossstadtfeindschaft", Die Alte Stadt, pp 39-50.
- Reichhardt, H.J und W Schäche (1984) Von Berlin nach Germania, Die Zerstörung der Reichshauptstadt
durch Albert Speers Neugestaltungspläne, Berlin.
Quelques citations :
"Dass unser Volk ohne Städter bestehen könnte, das wissen wir aus der Geschichte ;
dass es ohne Bauern bestehen kann, ist unmöglich." (A. Hitler, 1933)
Que notre peuple puisse survivre sans villes, l'histoire nous l'apprend ; qu'il puisse
subsister sans paysans, c'est impossible.
"Es ist gerade das Kennzeichnen echten Bauerntums, dass es im tiefsten Grunde seines Wesens
unhändlerisch und also unjüdisch denkt, weil seine Arbeit nicht der Befriedigung eines Handelsbedürfnisses
dient, sondern der Erhaltung des Geschlechts auf der Scholle." (W Darré, 1933)
C'est précisément la marque de l'authentique paysannerie que de penser, au plus profond de son être,
d'une façon non-commerciale et non-juive, parce que sa tâche ne consiste pas à satisfaire les besoins du commerce,
mais à assurer l'entretien de la race sur la glèbe.