Urbaphobie et Nazisme

L'Urbaphobie, appuyée en Allemagne sur le concept de Gemeinschaft, communauté du sang à la signification raciale, est proclamée par de nombreux auteur conservateurs, nationalistes et passionnément anti-sémites. La plupart glisseront naturellement vers le National-Socialisme, comme la principale association ruraliste et urbaphobe Bund Artam. L'un de ses dirigeants, un agronome, Heinrich Himmler, deviendra le chef des SS et de la Gestapo. (Cf l'excellente étude de Klaus Bergmann, 1977).


En Allemagne, l'Urbaphobie atteint un paroxysme avec la montée au pouvoir des Nazis. Ceux-ci sont passionnément opposés aux grandes villes , d'une part parce qu'elles sont largement ouvrières et votent socialiste ou communiste, mais surtout parce qu'elles sont décadentes et cosmopolites, habitées par des êtres souvent de races inférieures. Walter Darré, (Ministre de l'Agriculture de Hitler) considère que le rôle des paysans allemands n'est pas principalement de produire des denrées mais, surtout, de préserver la pureté du sang aryen.

Un géographe, Godfried Feder, chargé de préparer le programme du parti nazi, tonne contre les grandes agglomérations et publie en 1939 une description de la ville nazie idéale du futur (Die neue Stadt), qui ne doit pas dépasser 20 000 habitants.

Mais les Nazis se heurtent à une contradiction lorsque Goering est chargé, en 1936, d'un vaste programme de ré-armement. Le parti a besoin des grandes agglomérations industrielles de la Ruhr. Hitler commence alors à excuser les grandes agglomérations en expliquant qu'elles ne sont pas intrinsèquement mauvaises mais polluées par les étrangers et surtout par les Juifs. Ceux-ci éliminés, les grandes villes allemandes pourront contribuer valablement à l'effort de guerre. Et Hitler lance les plans d'un futur Berlin gigantesque qui doit s'appeler Germania.

Quelques références :


Quelques citations :

"Dass unser Volk ohne Städter bestehen könnte, das wissen wir aus der Geschichte ; dass es ohne Bauern bestehen kann, ist unmöglich." (A. Hitler, 1933)

Que notre peuple puisse survivre sans villes, l'histoire nous l'apprend ; qu'il puisse subsister sans paysans, c'est impossible.

"Es ist gerade das Kennzeichnen echten Bauerntums, dass es im tiefsten Grunde seines Wesens unhändlerisch und also unjüdisch denkt, weil seine Arbeit nicht der Befriedigung eines Handelsbedürfnisses dient, sondern der Erhaltung des Geschlechts auf der Scholle." (W Darré, 1933)

C'est précisément la marque de l'authentique paysannerie que de penser, au plus profond de son être, d'une façon non-commerciale et non-juive, parce que sa tâche ne consiste pas à satisfaire les besoins du commerce, mais à assurer l'entretien de la race sur la glèbe.