H Pourrat (1940) L'Homme à la bêche, Histoire du Paysan , Flammarion.
Henri Pourrat, écrivain favori du régime de Vichy, Prix Goncourt 1941, a chanté le paysan en qui il voyait un aristocrate
racialement supérieur à l'habitant des villes. Pourrat, profondément chrétien, estime que la Création n'est pas achevée, que le rôle du
paysan,"marié à la nature", est de parachever cette oeuvre divine en travaillant la terre. L'homme des villes est un
dégénéré qui a trahi en fuyant la terre. Après la Libération, l'oeuvre principale de Pourrat, Gaspard des montagnes,
sera montée en série à l'ORTF.
"Ce village abandonné s'écroule, repris par le lierre des ruines et le puant sureau.
C'est la fin de l'antique alliance entre le pays et l'homme paysan. L'homme a inventé la ville ;
il a lâché le pays des choses vertes et il est parti pour la ville. Mais il a si mal pris sa route
que ça a été pour aller vers les crises, vers les guerres, vers la catastrophe. Comme si, rompant
avec la terre, il rompait avec la santé, avec la sagesse, avec la vie. "
"Rénover le paysan pour rénover le pays : voilà la grande idée de Darré [Reichsbauernführer, c'est à
dire Ministre des Paysans, de l'Allemagne nazie de 1933 à 1941]. D'un côté, le paysan,
l'homme de l'instinct, c'est à dire pour Darré, le peuple germanique, de tous les grands peuples,
le plus profondément lié à la nature. De l'autre, le banquier, l'homme de calcul, issu du peuple hébreu,
peuple de citadins qui ne s'attache jamais à la terre, même quand il habite les campagnes. Oui, le juif,
le comble de l'intellectuel de par sa race, toujours à fond contre le paysan ; et s'opposant à lui de
tout son être, l'Allemand, le comble de l'homme naturel et qui vit dans un rapport très particulier
avec Dieu et le monde.. Ainsi le national-socialisme possède sa philosophie paysanne.."
"Comment n'auraient-ils pas [les hommes allemands] entendu celui [Adolph Hitler] qui est venu leur promettre qu'il
changerait tout ? Qu'il referait une jeune Allemagne, héroïque et rurale. Ce vent qui gonfle les
grandes bannières rouges au disque marqué de la croix gammée, il leur semble qu'il fait courir devant
eux des houles de moisson, où de grands arbres les appellent devant le soleil de l'aurore, et qu'à la
fin des fins, il leur rouvre l'espace. On leur a crié : Voyez ce que cent ans de libéralisme et d'industrie
ont fait de l'Allemagne : ce pays à peine paysan, pour un quart maintenant et ruiné tout à fait [...
] Aucune civilisation n'a commis de plus grands crimes contre l'homme. A bas la machine ! à bas
l'usine ! à bas la ville !.. Nous changerons si terriblement l'Etat qu'avant cinquante ans, pour
repeupler les campagnes, nous aurons fait disparaître les grandes villes inhumaines. "