Villes et Révolutions

Le grand choc de la Révolution Française et des guerres napoléoniennes fut suivi pendant le XIX° siècle par de nombreuses secousses qui marquaient l'adaptation lente et douloureuse de l'Europe à un monde nouveau.

La révolution de 1830, en France, chassa les Bourbons directs du trône. Les grandes familles légitimistes, dont la richesse et l'influence étaient foncières, allèrent bouder dans leurs terres tandis que le pouvoir passait dans les villes aux banquiers, aux industriels, aux commerçants. En fait, le pouvoir passait des campagnes aux villes.

En 1848, dans toute l'Europe (à Vienne, Berlin, Rome, Naples, Varsovie, Budapest ...), à l'instar de Paris, les populations urbaines, mêlant pendant un court moment la bourgeoisie et les ouvriers, se révoltèrent contre les monarchies conservatrices, aristocratiques et cléricales qui les dominaient. Le Printemps des Peuples fut le produit d'un réseau d'influences reliant les grandes villes européennes entre elles. Il échoua partout parce que les bourgeoisies, effrayées par les revendications sociales des masses ouvrières, se rapprochèrent des aristocrates et, avec l'aide des ruraux, notables et paysans, écrasèrent les révolutionnaires.

En France, la Révolution de 1848 renforça l'antagonisme entre villes et campagnes : la Seconde République, en établissant le suffrage universel, donna le pouvoir politique aux campagnes, de loin les plus peuplées encore, tandis que la puissance économique et financière se développait dans les grandes villes. La France rurale et des petites villes, pour contrôler fermement les grandes villes et surtout Paris, élit un Président autoritaire auquel son nom assurerait l'appui de l'armée : Louis-Napoléon Bonaparte.